La spiritualité de l’environnement | une réponse à la crise écologique
Propos recueillis par Claudette Lambert - 1er décembre 2019
Théologien et environnementaliste, André Beauchamp a été le premier secrétaire du ministère de l’Environnement du Québec. Directeur de cabinet et conseiller spécial auprès du ministre, il a aussi présidé le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et la Commission sur la gestion de l’eau au Québec. Président d’Enviro-Sage inc. et associé au Groupe Consensus, il a publié une trentaine de livres sur l’écologie, la résolution de conflits, l’engagement social et la spiritualité. Quel regard porte-t-il aujourd’hui sur la crise aiguë qui secoue l’humanité sur l’urgence climatique? Claudette Lambert l’a rencontré à ce sujet.
Claudette Lambert : Par quel hasard vous êtes-vous retrouvé au cœur des grandes questions sur l’environnement au début des années 1980?
André Beauchamp : Je travaillais à l’Office de catéchèse du Québec et j’étais responsable du prolongement de la Commission d’enquête sur les laïcs et l’Église, le rapport Dumont. J’avais créé Chantier 72, un programme qui portait sur la pertinence sociale de la foi. Or en 1972, s’est tenue la grande conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm. J’ai donc pris connaissance des questions écologiques de manière globale. Je n’avais pas de motivation directe, mais c’est venu vite, car le premier dossier qu’on m’a donné, c’était de faire une recherche sur ce qu’on pouvait faire en éducation relativement à l’environnement. La commande venait des services de la protection de l’environnement, l’ancêtre du ministère. J’ai donc plongé dans cet univers-là, j’ai épluché la littérature et j’ai découvert un monde absolument fascinant.
Pendant mes études en théologie, la représentation de la place de l’être humain dans l’univers m’avait beaucoup intéressé. C’était l’époque où on commençait à remettre en question l’anthropocentrisme. Le théologien Lynn White disait que la représentation de l’humain à qui on confie l’univers est la racine de la crise écologique et du saccage de l’environnement.
Intéressant!
A. B. : Ça m’était resté comme un horizon de pensée, et très vite, j’ai compris qu’un lien pouvait se faire avec la théologie. Pour définir les paramètres d’une éducation relative à ces questions, j’ai commencé à réfléchir sur l’éthique de l’environnement. Mais c’est compliqué, car il faut saisir les interrelations, voir comment les êtres vivants réagissent avec le milieu écologique. Dès que j’ai fini mon rapport, le ministère a décidé de créer des postes dans la fonction publique pour opérationnaliser ce rapport-là. J’ai gagné le concours et je me suis retrouvé responsable de mettre en place un module d’éducation relatif à l’environnement. Puis je suis devenu secrétaire général du ministère, alors tous les dossiers arrivaient sur mon bureau. J’ai donc eu une formation sur le tas en environnement.
Le discours écologique du temps a sans doute beaucoup changé depuis.
A. B. : Il est devenu plus technique, mais déjà, lors de cette première grande conférence sur l’environnement à Stockholm, toute la problématique était connue. Des auteurs comme François de Closets disaient : « Halte à la technique! » Il y avait un sentiment très aigu de la crise écologique, une effervescence très grande, mais ce qui a été mis de l’avant, c’est la pollution, la sauvegarde des parcs et la conservation de la nature. On savait qu‘on avait une planète fragile, des ressources limitées et qu’on devait modérer la croissance, mais les thèmes vedettes d’aujourd’hui n’apparaissaient pas. On ne percevait pas encore que le climat changeait. Le coupable de la pollution, c’était l’industrie. Ce n’est qu’après qu’on s’est aperçu que les vrais coupables étaient la consommation et notre mode de vie.
Pendant dix ans, les pluies acides ont fait avancer les choses. On n’en parle presque plus aujourd’hui. La couche d’ozone a ensuite retenu l’attention, puis les experts ont commencé à s’apercevoir que la question la plus cruciale était le réchauffement de la planète qui amenait les changements climatiques. On s’aperçoit maintenant que la crise actuelle est une crise de l’humanité. L’effet de l’humanité sur l’environnement.
Les changements climatiques sont le résultat d’un ensemble de facteurs : la consommation d’énergie, le mode de vie, la déforestation, la manière de bâtir les villes, etc.
A. B. : Les questions se sont globalisées, généralisées et mondialisées. Ce n’est pas une seule nation qui est en cause, il y a des problèmes partout. Toute l’alimentation est devenue problématique. On a détruit des cultures ouvrières, on a établi un marché mondial maintenant contrôlé par quelques-uns. Après la guerre, une idéologie optimiste du développement est apparue. Tout le monde y a cru, mais on s’est aperçu que le développement dont on faisait la promotion était une occidentalisation, une nouvelle forme de colonialisme. Et loin de créer un monde égalitaire, on a accentué les différences. En France on considère que huit personnes possèdent plus que la moitié de la population la plus pauvre du pays. C’est délirant!
Ces questions qui étaient le fait des spécialistes ont maintenant gagné toutes les couches de la population. On assiste à des mouvements de masse, des gestes d’éclats, des grandes marches avec Greta Thunberg.
A. B. : Pourtant dans les médias, il y avait plus de nouvelles sur l’environnement dans les années 1980 que maintenant. Il y avait des chroniqueurs spécialisés dans presque tous les journaux, les groupes écologistes étaient plus diversifiés. Si on relisait le manifeste écologiste de Michel Jurdant en 1984 ou 85, on y trouverait l’idéologie d’un critique radical de toute notre société. Selon ce biologiste de haut niveau, c’est toute la structure de la société qu’il fallait changer. Il n’avait pas tort, car on le pense encore aujourd’hui. Un fait nouveau est apparu cependant, ce sont les médias sociaux.
Tous les extrêmes s’y retrouvent. Tous les extrêmes et toutes les dérives aussi. Les commentaires et les actions vont dans tous les sens, sans analyse, sans réflexion!
A. B. : Il faut d’abord être capable d’agir à son niveau, être capable de faire des ruptures, de changer des choses. Il faut aussi une action politique, mais nos élus ne veulent pas perdre le pouvoir, alors ils n’ont pas toujours le courage qu’il faut pour voter des lois. Les progrès technologiques des moteurs de voiture ont permis à de plus en plus de gens d’avoir des VTT. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond. Tu inventes une technologie, et les gens gaspillent plus. On a créé des lumières qui consomment moins, qui ne dégagent plus de chaleur, alors les gens augmentent le nombre de lumières dans leur maison.
Le tourisme augmente de façon spectaculaire. Les avions, les bateaux de croisière laissent une empreinte écologique phénoménale!
A. B. : C’est un marché très important. On n’ose pas trop donner l’alerte, car ce sont les personnes âgées qui seraient visées ou les jeunes qui voyagent beaucoup pour des raisons culturelles. On ne réalise pas que lorsqu’on va en Europe, on consomme autant d’énergie que pour le reste de l’année avec sa voiture. La volonté politique a régressé. Au moment de la création du ministère de l’Environnement, l’information que l’on possédait devait être rendue publique. Depuis, on a coupé l’expertise, on a interdit aux chercheurs de dire ouvertement les choses. Aujourd’hui, l’essentiel de la recherche est produit par l’industrie qui ne veut pas chercher dans les domaines qui la mettraient en cause. Par exemple, on a montré que les compagnies qui produisent des eaux gazeuses font actuellement des recherches pour établir le lien entre le manque d’exercice et l’obésité. Alors que le lien le plus fondamental, c’est la présence du sucre. Mais les compagnies ne veulent pas financer ces recherches, car ça les remettrait en question.
Actuellement, tout le monde parle d’écologie avec vigueur et conviction, ce qu’on aurait dû faire il y a 40 ans.
A. B. : Il y a une alerte. On entre dans l’inconfort, on vit des phénomènes comme les chaleurs extrêmes, les inondations. Les cycles de température peuvent être de cinq à dix ans, alors que les changements climatiques sont à très longs termes. Monsieur Trump s’en moque évidemment, mais je me souviens en 1999 quand j’ai fait l’audience sur la gestion de l’eau au Québec, les questions de changement climatique arrivaient. Les spécialistes prédisaient que les extrêmes seraient plus grands, qu’il y aurait plus d’événements courts, mais intenses sur des territoires plus délimités. Et c’est exact! Non seulement le modèle se réalise, mais les résultats sont encore pires que ce que nos modèles prévoyaient. Être sceptique par rapport aux changements climatiques, c’est être ignorant des efforts de la science.
Depuis longtemps vous réfléchissez à toutes ces questions, vous les retournez à l’endroit, à l’envers. Avez-vous l’impression d’avoir prêché dans le désert?
A. B. : J’ai l’impression d’être arrivé au mauvais moment. Beaucoup de choses que j’ai faites n’ont eu aucun impact. J’ai probablement publié chez les mauvais éditeurs, mes écrits n’ont pas eu de large audience, ils sont restés confinés dans un monde de spécialistes. J’ai parfois l’impression d’avoir perdu mon temps. J’ai écrit un livre qui pour moi est un bon livre : Gérer le risque, vaincre la peur (Bellarmin 1996) qui n’a eu aucun retentissement. Si j’avais publié en France, on en parlerait probablement encore. Il y a des gens qui écrivent des choses que j’ai écrites il y a 20 ans, mais je n’ai aucune amertume. C’est la vie! J’ai été chanceux et je ne regrette pas de l’avoir fait. Il y a peu de journalistes qui se rappellent que j’existe. Vous êtes l’exception. Dans le monde des médias, je n’existe plus.
Pendant tout ce temps-là vous étiez prêtre aussi. Vous avez fait un lien intéressant en début d’entretien entre la création, la théologie et l’écologie. Actuellement notre rapport à la terre et aux animaux est questionné. Certains puristes font du harcèlement auprès des éleveurs de bovins, de poulets ou de porcs.
A. B. : À cause de la Genèse, j’ai beaucoup fouillé cette question-là. L’éthique traditionnelle concerne nos rapports à Dieu et à autrui, elle ne concerne pas la terre. Dans la Bible, quand Moïse descend avec les deux Tables de la loi, la nature n’en fait pas partie. C’est en travaillant sur le concept du rapport à Dieu que j’ai dû développer ma compréhension de la biologie; j’ai avalé toute l’information que j’ai pu pour comprendre que l’histoire de la vie est fascinante. La première fois que j’ai lu sur le Big Bang, je ne dormais plus… La terre a connu un processus prodigieux de transformation, et l’humain est au terme de cette évolution dont il tire profit. Le cerveau reptilien remonte à je ne sais plus combien de centaines de millions d’années; la nature a ajusté des choses et nous en profitons à plein. La spiritualité de l’environnement, c’est comprendre le temps qu’il a fallu pour en arriver là, comprendre le lien fondamental qui nous rattache à la terre. Nous vivons dans une même communauté, il y a de la plante en moi, il y a de l’animal en moi. De sorte qu’on n’a pas le droit d’être insensible à la souffrance de l’animal. Buffon parlait de nos frères inférieurs.
Est-ce que l’on doit se culpabiliser de manger de la viande?
A. B. : Un monde sans prédateur, c’est un monde fou. Dans un monde sans lion, il y aurait trop de gazelles et plus aucun arbre… L’écosystème marche selon diverses fonctions : prédation, collaboration, symbiose, association… C’est dans la nature du lion d’être prédateur, comme c’est dans la nature de l’aigle d’être au-dessus d’un écosystème. L’être humain est en situation ambiguë, car il doit s’alimenter. On nous dit de manger des végétaux, mais les végétaux souffrent-ils aussi? Ont-ils une pré-conscience? On sait maintenant qu’un vieil érable aide un jeune érable, qu’il y a des échanges chimiques entre eux. Les rosiers ont des épines, les hommes ont appris à se défendre des animaux. L’être humain s’insère à sa manière dans l’environnement. Les gens d’autrefois vivaient dans un monde terrifiant, dominé par la nature. L’homme avait peur de la mer, du vent, de l’orage, de la foudre. Le message de la Bible – Possédez et dominez la terre – offrait une libération extraordinaire. Julien Harvey me racontait que des Pères de l’Église disaient : « C’est bien beau dominez la terre et possédez-là, mais dès que vous sortez de la ville, le lion et la panthère vous attendent. Il y a toujours la revanche de la nature. » Elle est terrifiante et beaucoup plus forte que l’homme, mais depuis l’ère de la technologie, l’homme est plus fort que la nature.
Dans la tradition, on retrouve une vénération de la nature. L’élevage traditionnel est un élevage en respect et en familiarité avec les animaux. On les tue et on les mange, mais la poule, le cheval et les vaches font partie du quotidien. Le cheval aime son maître, le chien est content d’apprendre. Un cultivateur de mon coin, un chasseur passionné qui n’a jamais eu de problème à débiter un chevreuil, me dit un jour : « Il faut que j’aille faire tuer ma vache. » Je lui dis : « Mais tu connais le métier! » Il me répond : « Oui, mais je ne peux pas la tuer, c’est MA vache! » Le gros problème, c’est qu’on a isolé ces fonctions-là. L’élevage est devenu une usine à viande. Il y avait un rapport chaleureux avec les animaux et on a déshumanisé ce rapport-là.
Il faut partager la terre avec eux.
A. B. : Descartes disait qu’un chien ne souffrait pas. Il se trompait, l’animal a une sensibilité. Il n’y a pas de contradiction pour moi, ça enrichit énormément ma spiritualité.
Dans votre ouvrage Vivre son âge, vous faites une vaste réflexion sur les thèmes du vieillissement. Notre corps nous trahit, notre esprit aussi, et on finit par tout perdre. Comment vivez-vous le vieillissement?
A. B. : J’ai un avantage que les gens n’ont pas : même à 80 ans, je travaille toujours. Je n’ai pas subi ce qu’on appelle la retraite guillotine. Je n’ai pas eu cette rupture avec le milieu de travail et je suis toujours très actif. Le travail structure et organise votre vie. Vous gagnez de l’argent, vous êtes quelqu’un dans la société, vous en tirez une grande valorisation. Après la retraite, il y a un changement complet du rôle social. C‘est une énorme transition à vivre, car vous demeurez la même personne, mais vous n’avez plus les mêmes responsabilités. Moi, j’ai la chance de pouvoir continuer à faire des activités professionnelles. Et puis, on ne vieillit pas d’un coup. On descend par palier. Jusqu’à 75 ans, je n’ai pas senti que je vieillissais. Puis j’ai eu des problèmes de santé, je n’ai plus la même confiance dans mon corps, et hop, une autre petite descente.
Malgré les pertes, la vieillesse est un âge à vivre et non à subir. Il y a des choses douloureuses qu’il faut savoir accepter et je n’ai pas honte d’être vieux. Par bonheur, je suis encore capable de conduire ma voiture, j’ai un logement, je cuisine, je suis parfaitement autonome. L’étape suivante, c’est quand je vais entrer dans une résidence. Comment vais-je l’assumer? Ce sera mon autre défi.
Vous avez écrit : « Mourir est un acte important. » Cette phrase m’a laissée songeuse...
A. B. : Françoise Dolto disait : « On ne meurt pas tant qu’on n’a pas fini de vivre. » Ça paraît banal, mais mourir est un processus et tant qu’on n’a pas fait le chemin intérieur, on n’est pas prêt à mourir. Malgré la maladie, une maturation psychique est possible. Malgré les pertes, il y a un sujet qui chemine, qui mûrit intérieurement. C’est un processus d’intégration.
Vous voyez votre propre mort de cette façon-là?
A. B. : Oui, même si c’est difficile! Souvent quand on repasse sa vie, les bêtises et les coches mal taillées nous remontent dans le front… Il faut apprendre à se pardonner, apprendre à s’accueillir. Se dire : « Je n’ai été que cela, mais j’ai été cela! » Ce doit être quand même plus facile de mourir si on est croyant. Sinon, qu’est-ce qui reste? A. B. : Ça, je ne le sais pas! Celui qui ne croit pas peut arriver aussi à la sérénité. Aragon écrivait : « Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses… » Il y a bien des incroyants qui meurent sereinement, une forme de stoïcisme est possible. Je pense à Laurent Laplante de Radio-Canada qui a eu l’aide médicale à mourir. Dans son livre, À marée descendante, il explique avec stoïcisme qu’il s’en va vers la mort. Ses paroles me rappellent Vigny dans La mort du loup : « Gémir, pleurer, prier est également lâche. »
Tout être humain a soif d’éternité.
A. B. : Oui, mais quand on vieillit, l’angoisse de la mort disparaît, à mesure qu’on avance, elle apparaît comme une chose familière. Autrefois, on disait qu’il y avait une différence considérable dans les mouroirs entre les personnes qui croient et celles qui ne croient pas. Cette opinion s’atténue un peu maintenant. Bien mourir est une question de maturité psychique et la foi religieuse n’est pas nécessairement un grand déterminant à ce niveau-là. L’éternité n’est pas ailleurs, elle est ici maintenant. Si tu crois en la Résurrection de Jésus, la vie éternelle est déjà commencée. Elle est déjà en toi.
Et si on n’y croit pas…
A. B. : Si on n’y croit pas? Je ne sais pas! Mais de toute manière, je ne peux pas ne pas avoir existé. C’est un fait. Le monde peut m’oublier, mais mon existence est là à jamais. Dans la foi chrétienne, on croit en la destinée unique de chaque personne. Chaque personne est un « je » en écho avec d’autres « je ». Que va-t-il se passer après la mort? Je fais confiance, je refuse de me faire des représentations. D’ailleurs, on est absolument incapable de se représenter un non-espace, un non-temps. Nous sommes dans l’espace-temps et se représenter l’éternité est impossible. C’est un exercice vain. Il faut juste faire confiance.
La spiritualité s’oppose-t-elle à la religion?
A. B. : La spiritualité au sens strict, c’est le pneuma, le souffle, le principe de vie, c’est la représentation qu’on a du monde. C’est antérieur à toutes les religions, qui sont des formes institutionnalisées du rapport au divin. La spiritualité, c’est la dimension profonde de l’âme. La réponse à la crise de l’environnement, c’est justement la spiritualité, sinon nous serons complètement dominés par le paradigme technocratique qui nous pousse à produire, détruire et consommer. Ce qui est une marche accélérée vers la mort. Pour y échapper, nous devons arrêter de détruire et d’exploiter le monde extérieur, pour apprendre à le contempler, à se sentir impliqué. Le monde extérieur est l’écho de mon propre monde. Quand je vois de l’eau, je vois l’archéologie de mon être profond. Alors la spiritualité de l’environnement, c’est l’antidote de la crise folle qui est une crise de l’aliénation de l’être humain au profit d’une machine technocratique qui nous réduit à n’être que des producteurs, des consommateurs et des esclaves de quelques riches qui possèdent la terre.
Vos œuvres sont émaillées de poèmes que vous glissez ici et là dans vos propos. Sont-ils l’expression de votre spiritualité?
A. B. : C’est la spiritualité qui éveille le poète. Ce qui est important dans un poème, c’est l’intuition symbolique, l’image qui opère une mise en œuvre du symbole. Alors le poème donne à penser, il est riche et plein de signification.